U n songe hyalin

a envahi le ciel et cette transparence nimbe d'irréalité la rivière endormie.

Syrinx s'est arrêtée, elle est hors d'haleine, anéantie par cette errance à travers bois et prairies. Habillée des fines perles de rosée échappées des pores de son épiderme, la nacre de sa chair teintée d'églantine par l'agitation de son sang, dans ce simple appareil elle fait maintenant face à son assaillant, s'expose à son regard.

Pan s'immobilise également. L’œil est noir, le poil collé, la respiration saccadée. Cette chasse a exacerbé son désir, le corps est bandé et s'exhibe, raidi et congestionné. Désormais sa proie est là, à sa portée, sans échappatoire possible. Il aimerait prendre son temps, se repaître de sa victoire, faire taire cette bestialité logée dans son être.

Syrinx s'est résignée. Elle se laisse choir lentement comme prise de vertige mais, dans son regard, crainte légère a remplacé l'effroi : la vierge appréhende les instants à venir, ce sacrifice imminent, le proche abandon de son innocence. Allongée dans l'herbe, frémissante d'émotion, les lèvres exhalant de fragiles sanglots, Syrinx s'offre à Pan.

Il hésite maintenant, comme saisi de repentir. Probablement est-il déconcerté par le comportement de sa victime. Mais il est Pan, il se doit d'être fidèle à sa triste renommée. Lors se précipite, empoigne Syrinx et la pénètre enfin...

… Le rêve se dissipa à cet instant, car songe c'était et rien ne s'est passé et ne se passera ainsi.