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Nous continuions notre progression rapide, nous enfonçant dans les profondeurs de la terre ou celles, du moins, du sous-sol parisien. Bien que dans l'incapacité d'apprécier la distance parcourue, j'étais persuadé que nous avions quitté les dessous de Saint-Sulpice. Je tentais de me représenter, en surface, les rues elles aussi soumises maintenant au pouvoir de la nuit, mais d'une nuit que je savais être factice, toujours imparfaite, inachevée, dépourvue de ténèbres authentiques. J'imaginais les rares passants, les touristes attardés, la circulation amenuisée, cette respiration ralentie, comme retenue, qu'affecte la ville lorsqu'elle feint d'être assoupie.

Annoncée par un gargouillement qui s'amplifia à mon approche, l'eau devint soudainement présente. Elle arrivait par un conduit qui s'ouvrait sur la droite à hauteur d'homme, et se déversait dans un petit bassin maçonné dont le trop-plein s'écoulait au-delà, profitant de la pente pour constituer un ruisseau au long de notre allée. Celle-ci s'en trouva rétrécie, m'obligeant à redoubler d'attention.

Mais ce surcroît d'embarras ne dura guère. Très rapidement la voûte s'élargit comme le fait le lit d'une rivière lorsqu'est venu pour elle le moment de mêler ses eaux aux eaux du fleuve, or c'est bien un peu de cela dont il s'agissait. Il ne restait que quelques dizaines de mètres à parcourir avant que notre galerie souterraine n'arrivât à son terme et ne débouchât perpendiculairement dans une autre de dimensions plus importantes, propre à loger, c'est du moins ce qu'il me parut de la distance à laquelle je m'en trouvais encore, un véritable canal de navigation.

Jugeant que cette nouvelle donne topographique ne permettrait plus de laisser très longtemps ma présence ignorée, je m'arrêtai et laissai poursuivre seule celle qui, jusqu'alors, avait guidé mes pas. Je la vis se diriger, de sa démarche vive et assurée, vers l'extrémité du sentier dallé et ce qui ressemblait fort à un embarcadère.

J'étais dans une indécision totale. Je ne savais quel parti adopter. Je songeai un instant à rebrousser chemin. Mais il était dit que, dans cette aventure, je n'étais pas au bout de mes surprises.