3. Martine. b.

(10h41)

 

Tout le monde est à son poste ? Bon, tant mieux ! Vous ne le regretterez pas. Non non, ne prenez pas cet air outragé. Je sais parfaitement que ma littérature vous passe entre les mains avant de parvenir à Pierre. D'ailleurs vous n'avez pas de scrupules à avoir. C'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de s'amuser dans votre boîte. Alors quand ça se présente, il faut en profiter !

Pierre, tu es bien le dernier de ton étage à lire ce que j'écris. Tu vas voir, cette fois-ci tes collègues auront eu de quoi se régaler. Quand tu auras lu, rien que d'y repenser tu rougiras puis blêmiras puis rougiras à nouveau et ainsi de suite. Parce que je vais être obscène. Mais alors là franchement obscène. Ah oui ça tu n'imaginais pas. Tu me trouvais même un peu timide dans certaines circonstances. Tu disais que je ne me laissais pas vraiment aller, que j'extériorisais pas assez. T'extériorises pas assez, mon chou. On a l'impression que tu t'emmerdes. Ben dis donc, Pierrot mon cœur, tu sais que tu es perspicace toi ?

Allez, ladies and gentlemen, ça va commencer.

*

Par l'habillement. Un corsage blanc sans manche, en soie. Peut-être pas de la vraie, mais c'est bien imité. C'est léger, transparent, suggestif. Une jupe noire courte serrée, un peu moulante si tu vois ce que je veux dire. Nu-pieds. Pas de bijoux, pas de maquillage. Je viens de prendre un bain, je me sens très détendue. Je suis assise sur le bord du tabouret de piano, juste en face de la grande glace de tante Marie. Comme ça je vois en même temps : c'est plus facile pour raconter. Ce qui n'est pas facile par contre c'est d'écrire au fur et à mesure. Il y aura forcément du décalage !

Écoute bien (je sais, c'est idiot de dire ça à quelqu'un qui lit ! ). Le corsage n'est pas rentré dans la jupe, il est par-dessus la jupe. Je ne l'ai pas boutonné, juste enfilé. Entre les bords on aperçoit un peu de peau encore dorée à souhait. Le soleil des îles grecques ! Juste une bande de chair qui tranche sur le blanc du corsage. On ne voit pas les seins, on les devine, parce qu'ils gonflent le tissu et que celui-ci est un peu transparent, mais ça je l'ai déjà dit. Les tétins et leurs aréoles dessinent de part et d'autre deux ocelles au pourtour bistré . Je caresse mes seins, mes mains les englobent, une pour chacun, par dessus le corsage, because le contact du tissu sur la peau. Ils sont gonflés maintenant. Ils sont arrogants et leurs pointes durcies s'exacerbent au contact de mes paumes .

J'ai relevé ma jupe avant de m'asseoir. Au-dessus des fesses. C'est plus pratique parce qu'elle est vraiment serrée cette jupe. Je n'ai d'ailleurs pas tiré la fermeture éclair. Je crois que j'ai pris un peu de poids pendant les vacances. La cuisine grecque ! J'écarte les cuisses. Tu as vu, je n'ai pas de petite culotte. Le velours est doux sur la peau, et en même temps ça picote un peu parce que le velours c'est fait d'une multitude de petits poils courts serrés les uns contre les autres. On dirait une petite brosse, une petite brosse raide et douce à la fois, mais surtout douce. Le noir de ma petite fourrure se confond avec le noir du velours.

De ma main gauche (celle qui n'écrit pas ! ) je me caresse la chatte. Ma main descend, puis remonte et recommence. Mon index s'insinue dans la touffeur humide . Il s'y enfonce puis en ressort. J'y mets deux doigts maintenant et je vais plus profond, jusqu'à ce que ma main vienne buter à l'entrée du vagin contre les lèvres. Je force un peu. C'est doux, c'est bon, c'est onctueux. Je mouille.

S'il faut te mettre les points sur les i : je me masturbe, je me branle, je me fais des mimis. Je peux te donner d'autres détails si tu veux, prolonger la description, te parler par exemple de mon petit zizi qui n'en peut plus d'être titillé. J'oubliais que lui et toi ça fait deux, que tu n'as jamais vraiment voulu t'y intéresser, que tu n'as même jamais très bien compris ce que c'était. Tu as tort, petit Pierre, parce que le clitoris d'une femme c'est doux et sensible. Très sensible. Fragile et délicat. Et ça mérite beaucoup d'égards et de tendresse.

*

Alors les mecs, ça vous passionne ? T'imagines tes collègues, Pierre, à lire tout ça ? Jette un coup d'œil autour de toi. Ils doivent plus pouvoir tenir leur queue dans leur pantalon. Au fait, on va voir si tu les connais bien tes collègues !

Tu te souviens, Sébastien, quand tu me disais (c'était quand les nouveaux bureaux ont été inaugurés) : Comment il est Pierre au lit ? Tu dois pas trop t'éclater hein ! Faudrait peut-être que tu ailles voir ailleurs ! Moi, c'est quand tu veux. Tu sais, on peut très bien s'arranger ça tous les deux sans qu'il le sache.

Et toi, Mathieu, pour les trente ans de Pierre, la main au cul dans le couloir de l'appart et le pelotage en bonne et due forme. Faut dire que t'étais un rien bourré !

Tu vois comment ils sont tes collègues, mon petit Pierre ? Tu savais pas tout ça, hein ? Il faut dire que toi de ton côté ! Si tu leur racontais je suis sûre que ça les intéresserait beaucoup. Tiens, en attendant, on va s'amuser encore un peu !

*

Tu es à quatre pattes devant moi. Chemise, caleçon et chaussettes. Super érotique ! Tu fais le petit chien. Ouah ouah ! Oh il est beau le petit chien, il est content, il frétille de la queue ! Viens petit chien, approche-toi. Tu t'approches. Viens me lécher. Tu me lèches la minette. Doucement, grand brutal ! Ouah ! ouah ! Il est mignon, le cadre sup, en caleçon et chaussettes, en train de faire le petit chien. Regarde-les, ils sont tout rigolards. Ils imaginent la scène. Tu veux pas leur montrer comme tu sais bien faire le petit chien, sur la moquette du bureau, au vingt-sixième étage, en costard trois pièces et en cravate ?

*

Tu sais Pierre, je n'étais pas timide. C'est plutôt toi qu'étais pas à la hauteur. Tu n'as jamais vraiment su t'y prendre avec moi. Les préliminaires comme on dit, ça n'a jamais été ton fort. Les caresses de ta part, les vraies, celles qui vous chamboulent de partout, j'ai toujours pu me les accrocher. Quant au reste, je vais te dire, côté appareillage c'est pas terrible ! Avec ta petite bite tu risques pas de déformer ton pantalon ! Quand on baise avec toi, mieux vaut avoir une imagination débordante. D'abord ça marche pas à tous les coups ton engin. Et quand ça marche il y a intérêt à se dépêcher. Vite vite c'est là qu'il faut le mettre ! Allez perdons pas de temps, la baudruche se dégonfle si vite. Trop vite. On reste sur sa faim. Y'a plus qu'à finir ça toute seule parce que toi t'es déjà en train de roupiller.

*

Qu'est-ce qu'elle en pense de tout ça la jolie secrétaire ? Elle l'a déjà essayé le Pierre ? Elle a trouvé ça comment ? Pas formidable hein ? Très décevant même. Mais elle sait rester à sa place. Surtout que les places elles sont chères par les temps qui courent. Et puis le harcèlement sexuel dans cette boîte ça n'a pas encore droit de cité.

Et si on parlait de Véronique, ma grande amie Véro, que tu me disais : Rien que de la voir j'ai la bite et les couilles comme si j'avais passé trois jours dans un frigo. Merci pour l'élégance ! Tu veux que je te dise Pierre ? On a drôlement rigolé toutes les deux quand elle m'a expliqué le rentre-dedans que tu lui as fait le soir où j'étais allée voir Maman qui n'était pas bien. Véro qui n'a jamais pu te saquer, qu'elle me disait toujours : Je sais pas comment tu peux vivre avec un mec pareil. Eh bien elle m'a tout raconté, Véro, et elle mimait, elle imitait ta voix. Qu'est-ce qu'on s'est marré ! Alors ma petite chatte, on s'ennuie pas trop toute seule ? On n'a pas envie que quelqu'un vienne un peu s'occuper de tout ça, et puis de ça aussi ? Hum ? Tu parles comme elle t'avait attendue. De toutes mes copines il n'y a pas plus grande baiseuse que Véro.

*

Bon. C'est pas tout ça, Pierre, on cause, on cause, mais le temps passe et le grand moment approche. Il faut que je me prépare. Sans rien oublier. Je pourrai encore t'envoyer un fax. Le dernier. Pour te dire adieu.