Nicolas. 4.
J'avais bien envie d'emmener tout ce petit monde-là au poste. Même le chat. Outrage à, et cætera. Cela sentait le canular à plein nez. Et ils avaient vraiment soigné la mise en scène. Ils ont montré l'endroit où elle était assise. Sur la table : une théière, un cendrier contenant un papier à sucre déchiré et un sachet de thé déjà utilisé, la tasse avec un reste de liquide brunâtre et un peu de sucre collé au fond. « On a touché à rien. »
C'est pourtant pas leur genre des bobards comme ça. Nous on les connaît, - pas trop bien, mais quand même, - ils sont plutôt sympas. S'ils voulaient nous faire une blague, ils ne la pousseraient pas aussi loin. Ni aussi longtemps. Les plaisanteries les plus courtes... Et puis il y en a bien un qui rigolerait, qui finirait par se couper. Alors on on les a écoutés à nouveau.
Fernande, sans lâcher son tricot : « Elle est pas r'sortie, j'l'aurais vue passer. »
Joueur de carte, posant son verre : « Ouais, et puis on aurait entendu l'carillon. Enfin p'êt' pas Riri parc'qu'il est un peu dur d'oreille. »
Armand l'écrivain, geste d'évidence avec les deux mains : « Elle n'est pas allé aux toilettes, ses pas l'auraient mené le long de l'endroit où je me trouve et je n'aurais pu manquer d'en prendre conscience. »
Lulu, index démonstratif : « Moi j'suis sûr qu'elle a pas bougé d'là. »
Dans son panier le chat semblait étranger à tout ce bazar. Et pourtant, ses babines,... n'était-ce pas un sourire qui... Mais peut-être que je me fais des idées.
Et pour finir il y a eu l'épisode de la photo. Qu'il avait prise avec son portable. Et qu'il a regardée après l'avoir prise. Elle était réussie, avec la fille de profil. Et puis, maintenant...
Alors on a appelé des renforts et on a tout passé au peigne fin. Qu'est-ce qu'on pouvait faire d'autre ? Oui, vraiment, pour une drôle d'histoire...
fin