Par la fenêtre ouverte de mon bureau, j'aperçois ma chatte Mistouille qui trottine sur le faite du mur avec l'aisance d'un marin pêcheur arpentant le môle étroit d'un port et qui, arrivée à l'extrémité, là où un pilier d'angle fait le raccord avec la vieille grille rouillée séparant le jardin de la rue, saute sur la pelouse pour se retrouver au pied du lilas et y faire ses griffes, en cette saison où le lilas ne sert plus qu'à cet usage, – et pas celui exclusif de Mistouille, mais aussi d'autres matous du voisinage qu'il m'arrive de voir passer par la fenêtre ouverte de mon bureau, – ce lilas qui, au printemps, offre généreusement à tout le quartier le parfum de ses grappes odorantes, et dont chacun de mes visiteurs, au moment de son départ, se voit gratifié d'une brassée cueillie au sécateur.